Homélies et autres réflexions
11 Mai 2019
L’évangile nous livre le récit du retour des disciples au même endroit d’avant la rencontre avec le Christ. Nous y voyons Pierre qui décide de retourner à la pêche. Il fait nuit. Et les autres le suivent. Pour eux, peut être que la boucle est bouclée. Que faire maintenant que Jésus n’est plus là comme avant ? Le récit nous laisse comprendre qu’ils savaient déjà qu’il est ressuscité. Ici, c’est la troisième apparition. Mais cela ne change rien. Ils retournent à la pêche. Et ils reprennent leur vie, d’avant la résurrection du Christ.
Et nous avons là une espèce de déjà vu. Ils peinent toute la nuit et ils ne prennent aucun poisson. Et Jésus arrive. Et il y a la pêche miraculeuse. Et nous sommes, de nouveau, dans le phénomène de la rencontre qui change la vie. Est-ce que le Christ a changé votre vie ? Où se place-t-il dans notre vie? Est-il essentiel pour moi ou pas ? C’est là où Jésus veut en venir lorsqu’il pose 3 fois à Pierre la question : « Simon, m’aimes-tu vraiment ? » Jésus n’est pas entrain de faire une crise de manque d’affection. Mais il veut s’assurer que Pierre l’aime pour lui confier sa mission. Il ne demande pas si Pierre n’a pas de faiblesses, ni s’il est parfait. Il demande seulement « m’aimes-tu ». Jésus veut que Pierre manifeste son attachement envers lui pour qu’il, Pierre, se rende compte que Jésus est toujours là, présent. Jésus veut rappeler à Pierre que sa vie a été changée et que son attitude ne doit pas être la même d’avant la rencontre. Mais celle d’un homme transformé, relevé, pardonné, et profondément aimé. La véritable rencontre avec le Christ ne peut pas nous laisser indifférents, elle nous transforme. Mais nous sommes aussi, bien souvent, tentés de revenir en arrière. Ou de relativiser ce que le Seigneur attend de nous. Et le Seigneur vient nous le redemander « m’aimes-tu vraiment ? ». Et cette question n’est pas posée pour nous décourager ni pour nous juger, mais pour que Jésus nous dise ensuite : « Suis-moi. » Nous ne pouvons le suivre que si nous l’aimons. Nous ne pouvons lui donner notre vie, que si nous l’aimons. Nous ne pouvons nous laisser transformer par lui, que si nous l’aimons. Parce qu’aimer c’est faire confiance. Et cet amour que nous avons pour lui peut grandir, se transformer. Jusqu’au point que nous pouvons même donner notre propre vie. Sur chacun de nous repose le « suis-moi » de Dieu, c’est-à-dire, l’appel de Dieu. Mais nous ne pouvons répondre à cet appel que si nous l’avons rencontré.
Lorsque Jésus pose, pour 3 fois, la question à Pierre, dans la tête de celui-ci il y a peut-être tout le film de la passion qui se déroule. Y compris son reniement. Y compris ce geste de Jésus qui leur a lavé les pieds et leur a dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Et voilà que Jésus lui demande : « m’aimes-tu vraiment ? » Peut-être jusqu’à en donner ta propre vie ? Et c’est parce que Pierre répond « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime », que Jésus confie à ce disciple-là de prendre soin de ses propres brebis. Puisqu’il l’aime, ce qui appartient à Jésus, appartient à Pierre. Et non, la boucle n’est pas bouclée ! La fin peut ressembler au début, mais elle n’est, en fait, que l’ouverture à cette dynamique de la vie, de la vie nouvelle dans le Christ et par le Christ ! « Suis-moi », dit Jésus. Ne te retourne pas. Va, et vis de cette nouvelle vie de Ressuscité !
Dans tout ce que nous vivons et traversons, le Seigneur vient nous rappeler la même chose : vivons en héritiers de la résurrection. Tout ce qu’appartient à Jésus nous appartient, si on l’aime ! Et il nous demande, à chacun de nous : « m’aimes-tu, vraiment ? » Et la fécondité de notre vie avec lui, dépendra de la réponse sincère que nous donnons. Quoiqu’il en soit, sur chacun de nous, repose l’appel de Dieu. L’appel à grandir dans l’amour, à donner sa propre vie et à entrer dans la plénitude de la vie car nous sommes engendrés dans une nouvelle naissance par la résurrection du Christ. Avançons, donc, dans la confiance. En ayant la certitude que, dans tous les moments de nos vies, Jésus est toujours là ! Présent. Que nous soyons attristés, joyeux, que nous traversions la nuit, ou que nous nous sentions découragés, le Seigneur nous adresse cette question « m’aimes-tu vraiment ? » pour nous faire aller de l’avant par cette invitation : « Suis-moi. »