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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie pour la solennité de Corpus Christi

 

Je sais bien que nous tous, ici, sommes bien d’accord des bienfaits de l’Eucharistie et convaincus que c’est véritablement la présence réelle de Jésus. L’Eucharistie, comme nous le savons, est la source et le sommet de la vie chrétienne. Elle est à la fois, ce qui lui donne la vie et ce vers quoi nous tendons. La source est ce qui donne l’impulsion de vie et qui rejailli autour d’elle. La source d’un fleuve abreuve bien les arbres qui sont juste à côté, comme ceux qui sont autour et un peu éloignés. La source de la vie chrétienne est, justement, cette source qui nourrit ceux qui viennent y refaire ses forces, mais aussi ceux qui sont autour. Car la puissance de l’amour va au-delà de ce que nous pouvons voir ou ressentir. Et le Seigneur sait que nous en avons besoin. Mais il sait aussi que nous ne sommes pas toujours prêts à recevoir. Mais cela ne l’empêche pas de verser ses grâces et son amour. De brancher à la source, de manière créative, ceux qui ont besoin de pain pour la route. Et le pain dont il s’agit c’est son propre corps, donné pour nous.

Dans l’évangile que nous avons entendu, quelque chose m’a profondément touché. Il s’agit de deux précisions que l’évangéliste donne : « le jour commençait à baisser » et le fait qu’ils « étaient dans un endroit désert. » D’un côté nous sommes mis en face de la fatigue, du poids de la journée que ces personnes ont vécu. De l’autre, nous sommes mis en face de l’aridité, du vide, du manque de vie.

Lorsque le jour commence à baisser, nous sommes dans un entre-deux. Entre la lumière qui baissent et les ténèbres qui s’annoncent. Entre le moment où nous avons déployé toute notre force de vie et celui où l’on se prépare pour la refaire. Mais dans le cas de ces personnes, elles sont dans un endroit désert. Le lieu où il n’y a rien. Où chacun est obligé, soit de rester sur place, en se mettant en danger, soit de se mettre en route. Continuer. Avancer. Mais si le ventre est vide, le danger aussi est au rdv.

Cela peut être une image de notre vie. Parfois nous sommes dans ce entre-deux, où nous avons déployé nos forces et mis en face d’un désert qui nous fait peur. Et le Seigneur vient nous rappeler que ce désert n’est pas le lieu de la mort, mais qu’il peut devenir le lieu de la rencontre. Combien de fois, dans notre vie avec le Seigneur, n’avons-nous pas l’impression que nous marchons sous cette lumière du crépuscule qui nous empêche de bien voir ? La fatigue quotidienne, la vie communautaire et familiale, les soucis du travail… peuvent nous faire perdre le courage, la motivation. Et pour autant, le Seigneur nous invite à entrer dans la confiance. A avancer. Il nous déplace, nous secoue et nous dit « donnez-leur vous-mêmes à manger. » Les disciples étaient, eux aussi, certainement fatigués. Mais leurs cœurs étaient auprès de la source et donc, ils étaient près à faire même le sacrifice d’aller en ville pour acheter (je ne sais pas avec quel argent) tout ce dont ils auraient besoin pour donner à manger. Et c’est lorsque nous regardons le Seigneur et que nous lui faisons part de notre confiance, qu’Il peut, alors, faire des miracles. Le miracle a eu lieu grâce à l’amour infini du Christ, mais aussi, grâce à la confiance et à la générosité, dans la foi, des disciples. Et tous, ont été rassasiés.

La nuit et le désert ne posaient plus de problème… même s’il faisait toujours nuit, et qu’ils étaient toujours dans le désert. Mais cela ne posait plus de problème car le Seigneur était là ! Dans notre chemin de foi, nous aussi, nous pouvons traverser les nuits et les déserts, dans la confiance. Le Seigneur vient, il se fait tout petit, il se fait morceau de pain pour que nous puissions le recevoir, le manger, être nourris. Et nous pouvons, à notre tour, donner à manger. Être dans un autre entre-deux, celui de la confiance et de la générosité. Car l’amour que nous recevons peut rejaillir sur ceux que nous croisons. Chacun reçoit une part ! Et chacun peut faire le chemin pour venir vers la source de l’amour. L’Eucharistie n’est pas un dû, elle est un don. Et cela aussi nous le savons. Et la force de l’Eucharistie c’est qu’elle passe aussi par nous, qui sommes en route, avec tous ceux qui sont avec nous, sur le chemin. Rendons grâce au Seigneur pour ce merveilleux cadeau. Soyons, nous-mêmes, avec Lui, action de grâce. Eucharisties !

(Gn 14, 18-20 ; Ps 109 ; 1Co 11, 23-26 ; Séquence ; Lc 9, 11b-17)

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