Homélies et autres réflexions
5 Avril 2020
Nous voilà dans la dernière ligne droite de notre pèlerinage de Carême. Nous commençons aujourd’hui notre dernière montée ! Et d’une manière toute particulière. Nous sommes obligés de nous plier au réel de notre existence, comme Lazare, face à la mort. Nous avons le sentiment que nous ne pouvons que nous laisser faire à cause de tous qui se passe dans le monde, comme la Samaritaine. Nous sommes obligés de quitter notre monde à nous : maîtrisé, le monde peut être parfait que nous avons créé par sécurité, pour survivre, comme l’aveugle de naissance. Nous sommes obligés d’être en lien avec la réalité dure, pour certains, que se présente à nous. Telle une marche dans le désert.
Et c’est ainsi que nous commençons la dernière montée vers Pâques. Pour rencontrer le Christ glorieux, comme dans l’épisode de la Transfiguration. Aujourd’hui nous avons acclamé le Christ, comme la foule à Jérusalem. Mais nous avons déjà entendu le récit de sa Passion. D’un seul coup d’œil, nous sommes au début, et en même temps, presque à la fin. Nous sommes invités à suivre le Christ. A vivre avec lui sa Passion. A contempler son visage, ses mains, ses pieds, contempler son cœur. Nous sommes invités à nous laisser étreindre par Jésus. Par cette étreinte d’amour qu’il désire nous faire à chacun. Cette étreinte d’amour qui nous encourage à continuer notre propre chemin pascal. Ce chemin par lequel nous pouvons nous reconnaître comme des enfants bien-aimés de Dieu.
Par les lectures que nous avons entendues, je retiens trois invitations pressantes : La première : entrer dans la confiance. La deuxième : tenir dans l’Espérance. Et la troisième : agir dans la charité.
Entrer dans la confiance c’est poser un acte de foi. C’est tourner notre regard vers le Christ et nous laisser, là où nous en sommes dans notre vie, nous laisser submerger par son amour. En reconnaissant que nous avons besoin de Lui.
Tenir dans l’Espérance ce n’est pas se dire : demain ça ira mieux ! Mais redire, avec le serviteur souffrant de la première lecture : « je sais que je ne serais pas confondu » et se laisser enseigner, modeler, transformer par la Parole faite chair, Jésus.
Et agir dans la charité c’est avoir l’audace de se mettre à la suite du Christ qui nous a laissé l’exemple le plus noble, le plus beau et le plus efficace : l’exemple de l’amour, l’amour qui aime jusqu’au bout. L’amour qui se donne jusqu’à l’extrême.
Que cette Semaine Sainte que nous commençons aujourd’hui, inédite et particulière, dépouillée et qui nous appelle à l’essentiel, soit pour chacun de nous une occasion pour rechoisir le Christ. Car Lui, le Christ, nous rechoisit sans cesse. Que nous portions, dans notre cœur, tout particulièrement ceux qui sont seuls, malades, isolés. Ceux qui ne se sentent pas aimés. Portons les pauvres, les exclus. Mais aussi ceux qui se croient meilleurs, au-dessus de tous « sains dans un monde malade. » (Pape François, homélie du 27 mars) Portons, dans cette marche, avec le Christ, notre humanité. Montons avec Lui sur la montagne où il donnera sa vie ! Allons-y avec audace ! Car ce qu’il nous réserve c’est la puissance de sa résurrection ! Qui nous remet debout déjà ici et maintenant ! Et avec le Christ, traversons courageusement, ensemble, dans la confiance, l’Espérance et dans la charité, traversons notre désert. Car le Seigneur notre Dieu vient à notre secours ! Amen.
(Is 50, 4-7 ; Ps 21 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26, 14 à 27, 66)