L'intranquillité

Je ne prétends nullement être un critique littéraire. Je n’ai ni la formation ni la légitimité pour cela. Mais je voudrais partager ce que ce petit livre m’a inspiré.

Dans un mélange de témoignage personnel et méditation sur l’Evangile, l’auteur nous permet de mettre le doigt sur cette réalité que nous essayons de refuser ou de ne pas voir : l’intranquillité inhérente à la foi, à l’Evangile, aux rencontres que nous vivons. C’est un éloge à l’intranquillité dans un monde qui prône la tyrannie d’un bonheur tranquillisant.

L’intranquillité suscitée par les questionnements ; l’intranquillité qui nous permets d’avancer, d’entrer dans l’Espérance du réel, du temps présent. Et tout cela portée par l’intranquillité de Dieu, qui consiste surtout à remiser sur nous pour que nous avancions sur le chemin de la foi avec cette certitude déculpabilisante que « l’Evangile renonce à fabriquer des sur-hommes pour plonger dans la complexité de l’humanité telle qu’elle est. » Complexité que Dieu a voulu épouser et ainsi, entrer, lui-même, dans l’inconfort salutaire de l’intranquillité.

Ce petit livre est une belle invitation à entrer en dialogue avec celle qui frappe bien souvent à la porte de notre sommeil. Invitation à ne pas lui refuser notre regard, car, par ce dialogue que nous pouvons établir, nous pouvons entrer en nous-mêmes et redécouvrir qu’elle, l’intranquillité, peut être le premier pas pour suivre le commandement du Christ par lequel nous devenons frères.

« Alors oui, si Dieu arrive au monde comme un nouveau-né, son projet ne peut pas être de nous préserver du risque et de l’inquiétude. Avec l’Evangile, comme avec toute naissance, commence l’irréductible intranquillité. » [Extrait]

L’intranquillité. Marion MULLER-COLARD. Bayard éditions, 2016. Collection « J’y crois ». 107 pages.