Homélies et autres réflexions
13 Mai 2021
|Ac 1, 1-11 ; Ps 46 ; Ep 4, 1-13 ; Mc 16, 15-20|
Pendant quarante jours, après sa résurrection, Jésus est resté au milieu des siens, ceux qu’il a appelé et choisi pour annoncer sa Parole. Il leur a montré que c’était bien lui, et pas un fantôme. Il a affermi leur foi et leur a permis d’exprimer leurs doutes, nous nous rappelons tous de l’épisode de Thomas. Il a mangé avec eux « avez-vous ici quelque chose à manger ? » ; parlé avec eux « de quoi discutiez-vous tout en marchant ? » ; Il les a enseignés « ne savez-vous pas ?... » et il les a encouragés. Mais surtout, pendant 40 jours le Christ a préparé ses disciples pour ce départ, en apparence, définitif. Il les a préparés, chacun de ses disciples, à vivre la présence autrement.
Dans la première lecture, nous avons entendu ce rappel de la promesse du Christ : ses disciples ne seront jamais seuls. La promesse de l’Esprit Saint est donc le signe de cette présence autre qui les conduira et qui leur permettra de garder la foi. Mais une foi qui est invitée à se déployer par le don de soi à l’autre. La deuxième lecture nous donne un aperçu étonnant de cette vie dans la foi envers ce Jésus qui n’est plus là comme avant, mais qui est toujours présent. Paul est en prison à cause du nom de Jésus. Et au lieu de s’indigner, ou de disputer le Seigneur, il nous donne quelle doit être la conduite de celui qui se réclame le titre de chrétien : il invite à l’accueil mutuel, à l’humilité, à l’amour et à la paix: "Je vous exhorte donc à vous conduire d'une manière digne de votre vocation: ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour; ayez soin de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix." C’est l’appel à vivre dans cette humanité restaurée par le Christ, cette humanité qui est désormais en Dieu.
Dieu, par le mystère de l’incarnation, est venu jusqu’à nous. Il a pris notre chair, il a épousé notre humanité. Par le mystère de la passion, mort et résurrection, il a restauré notre humanité, et, en s’élevant au ciel, il emporte avec lui l’humanité restaurée.
Mais si nous nous arrêtons un instant pour regarder autour de nous, nous pouvons être vite désenchantés. Ce que nous pouvons voir est justement une humanité fatiguée, blessée et en souffrance. Une humanité qui côtoie de près la vulnérabilité et sa propre fragilité. Une humanité prisonnière de l’égoïsme, de la soif du pouvoir et de la folie de grandeur. Et je ne parle pas de l’humanité manifestée par « les autres », je parle de notre humanité, de nous. Et nous pouvons donc nous demander où se trouve ce Dieu qui a promis tant de grades et belles choses ? Où se trouve-t-il dans la souffrance ? Où se trouve-t-il dans la mort ? C’est là où nous sommes invités, comme les disciples, à voir La présence autrement.
Dans nos maladies, le Christ chemine avec nous, comme sur le chemin vers le calvaire. Dans nos souffrances, le Christ les vit avec nous, comme sur la Croix. Dans nos morts, le Christ les traverse avec nous pour que nous puissions entrer dans la vie avec Lui, par la résurrection. Ce que nous vivons aujourd’hui et ce que nous célébrons, est encore une invitation pour que nous puissions entrer dans l’Espérance. Cette espérance qu’est la manifestation de l’amour et de la foi. Cette espérance qui s’incarne dans le quotidien de nos vies. Le Christ monte au ciel pour que nous puissions avoir les yeux fixés sur lui mais pour que nous puissions continuer notre chemin ici-bas comme disciples et missionnaires. Et il nous fait à chacun de nous cette invitation : « Allez ! » Et nous, quelle réponse allons-nous lui donner ? Voulons-nous rester à regarder la vie défiler devant nous ? Ou allons-nous devenir davantage de disciples-missionnaires capables de donner leurs vies à celui qui nous a donné La vie ? Croire au Christ, c’est bien ! Lui donner notre vie, c’est mieux ! Être porteur de sa Bonne Nouvelle, devenir son disciple, voilà notre vocation, notre appel. Voilà notre « ascension ».