16 Mai 2021
|Ac 1, 15-17.20a.20c-26 ; Ps 102 ; 1Jn 4, 11-16 ; Jn 17, 11b-19|
Et Jésus prie. Il prie pour les siens, avant sa passion. Il prie pour que ceux qui l’ont suivi restent et demeurent ensemble. Mais il prie aussi parce qu’il sait qu’à son départ, la relation immédiate n’existera plus. Ils vont devoir apprendre à vivre une autre sorte de relation. Et tout peut basculer à la séparation, aux clivages et à la désunion. Le Christ prie pour ceux qui ont fait le choix de le choisir. Il prie alors pour que son Père puisse protéger ses disciples et les garder dans l’unité.
Cette prière de Jésus est la manifestation de son humanité et de sa divinité. Son humanité dans le sens où il prend soin des siens. Il s’est engagé affectivement envers ses disciples. Quant à sa divinité, elle est manifestée par l’appel à la sainteté, par la révélation que la sainteté du Père, par le Christ, est donnée aussi aux disciples. Dieu, le tout autre, devient proche. Il prend notre humanité avec lui et nous donne sa divinité. La sainteté c’est Dieu qui se communique, Dieu qui se donne, Dieu qui nous donne, par le Christ, sa propre divinité. Nous sommes appelés à être saints ! Oui, c’est une vérité de notre foi. Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Cela veut dit que nous sommes mis à part, non pour nous complaire en croyant que nous sommes un groupe de privilégiés, mais nous sommes mis à part pour servir le Seigneur qui se donne. Et notre première mission est celle de l’unité !
Jésus sait que le mode de relation avec ses disciples va changer. Il prie donc pour qu’ils restent unis. Tant que Jésus est là, présent physiquement, il fait l’unité. Mais une fois qu’il sera parti, comment cette unité va pouvoir continuer ? Et c’est là où nous avons une révolution dans notre rapport à Dieu. Le lien de l’unité sera manifesté par l’amour mutuel. Lorsque nous voyons cela et nous prenons de la hauteur pour regarder tout ce que Jésus a fait et dit, tout devient logique ! Il est venu instaurer la « révolution de l’amour ». Mais les liens de l’amour mutuel ne sont pas d’abord un fruit d’une discipline morale ou institutionnelle mais le fruit de l’unité entre le Père et le Fils. Ainsi, lorsque notre pratique religieuse devient signe ou instrument de jugement envers les autres, nous ne sommes plus dans l’amour. Nous sommes dans l’idéalisation ou dans l’idéologie. Nous ne sommes pas en Dieu. Nous déguisons notre volonté propre en volonté de Dieu et nous nous enfermons dans notre propre égocentrisme. Et l’égocentrisme est le poison le plus puissant pour détruire l’unité. Car l’égoïsme nous empêche de faire les renoncements nécessaires pour que l’unité soit vraie.
Jésus prie pour les siens. Il demande au Père de les sanctifier et pour un but précis : pour que sa joie soit en eux, et qu’ils en soient comblés. Il sait les combats que ses disciples vont affronter. Il sait qu’ils seront jugés, rejetés, condamnés, mais Jésus sait que la victoire est au bout, puisque la Vie vaincra la mort ! Ainsi, la sainteté se manifeste par la joie de la victoire. Cette joie n’est pas la mise à l’écart de nos difficultés ni de nos souffrances. La joie de l’évangile ne peut pas nous rendre indifférent à tout cela. Mais la joie que le Seigneur veut nous donner c’est la joie sincère qui sait attendre. C’est la joie de la naissance du Christ, qui ne rejette pas la pauvreté. C’est la joie de Pâques, qui ne refuse pas la croix et le tombeau. C’est la joie de l’Ascension qui nous apprend à tisser un nouveau mode de relation. C’est la joie de l’Esprit Saint qui nous donne la force dont nous avons besoin pour cheminer dans ce monde vers lequel nous sommes envoyés mais auquel nous n’appartenons pas. Car nous appartenons à Dieu. Ainsi, « bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » Voilà le secret pour que « tous soient un » dans et par le Christ.