Homélies et autres réflexions
13 Juin 2021
|Ez 17, 22-24 ; Ps 91 ; 2Cor 5, 6-10|
Quelle est notre ambition ? Qu’est-ce que nous anime jour après jour ? Quelle est la force qui nous met en mouvement, même lorsque nous n’avons pas envie ? Est-ce l’envie de réussite ? L’argent ? Le besoin de se faire bien voir par les gens ? Ce sont des questions qui me sont venues en méditant les lectures de ce dimanche. Et pourquoi ? Parce que Jésus, dans l’évangile, nous parle justement de ce qui ne se voit pas. La semence jetée à terre qui pousse et la petite semence insignifiante qui devient un refuge.
En parlant à la foule du Royaume de Dieu à travers les paraboles, Jésus explique et en même cache la vérité, pour que ses auditeurs puissent réfléchir au mystère. Il explique suffisamment pour que ceux qui ont le cœur disposé puissent accueillir ; et il « cache » suffisamment pour que ceux qui veulent lui tendre de pièges, ne le fassent pas facilement. Mais en tout cas, Jésus nous met face à l’émerveillement. Il nous met face à la contemplation de l’action de Dieu.
Cette action de Dieu est d’abord discrète. Que ça soit à travers la semence qui germine et grandit sans que celui qui l’a jetée sachent comment. Ou que ça soit par la puissance cachée dans la graine de moutarde. La discrétion de l’action de Dieu est manifestée. Ensuite, l’action de Dieu agit de l’intérieur. Et ce n’est qu’ainsi qu’elle transforme véritablement.
Dans ce que nous vivons au quotidien, nous pouvons avoir l’ambition de faire de choses, de transformer les choses. Nous pouvons vouloir montrer ce qui nous anime, mais si nous n’avons pas la patience de cette graine qui pousse, si nous voulons être dieu à la place de Dieu, si nous ne sommes pas convaincus que Dieu agît malgré nous, nous ne sommes pas dans la dynamique du Royaume. Nous formons tous une communauté de croyants qui est comme cette semence jetée à terre. Et aujourd’hui, dans les changements que nous vivons, nous sommes appelés à contempler sa croissance en acceptant de ne pas pouvoir tout maitriser.
Ces deux paraboles de Jésus nous parlent de l’émerveillement de l’action de Dieu. Le Royaume de Dieu « grandit même lorsque l’agriculteur dort [1]» ou qu’il est négligeant. Le Royaume de Dieu grandit même si notre contre-témoignage est plus grand que notre témoignage. Il grandit, le Royaume de Dieu, même si nous sommes davantage dans la division ou les disputes idéologiques qui « font fuir les oiseaux de l’arbre au lieu de les attirer.[2] » Et le Royaume de Dieu grandit parce que l’action de Dieu ne dépend pas directement de nous. Mais, si nous croyons à la parabole, « Dieu s’est mis dans le cas d’avoir besoin de nous[3] » car il faut que quelqu’un plante la semence. Nous sommes donc ces ouvriers que le Seigneur attend. Nous sommes ces missionnaires qui peuvent aider à faire grandir le Royaume de Dieu. Comme les disciples, à qui Jésus expliquait la parabole.
Le Seigneur nous appelle à le suivre. Il nous appelle à grandir et à laisser grandir en nous son amour créateur. Et il va plus loin encore, il nous rappelle que l’Eglise que nous formons doit trouver son essence en Lui. Et que cette Eglise, telle l’arbre de la parabole, est appelée à être un lieu où chacun se sente accueilli et protégé. Parce que le Semeur par excellence, le Christ, se fait lui-même semence pour nous transformer et faire de nous son peuple. Quelle est donc notre ambition ? Vouloir rester cloisonnés dans nos zones de sécurités ? Ou laisser le Seigneur travailler nos cœurs par son Esprit pour que nous soyons capables de contempler les petits miracles quotidiens qui manifestent l’action de Dieu dans nos vies ? Et comme nous a dit saint Paul, que notre seule ambition soit celle de plaire au Seigneur.