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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie pour la solennité du Christ-Roi | Année B | 2021

Ce dialogue entre Pilate et Jésus m’a toujours fasciné. Je me suis toujours interrogé sur l’effet que cette rencontre ait pu produire chez Pilate. Être face à Jésus, l’interroger, entendre ce qu’il dit… et puis rester sans aucune réponse claire et directe. D’un côté, nous avons un Pilate qui interroge Jésus à partir des « ouïs dires » ; d’un autre, nous avons Jésus qui répond aux questions en les plaçant sur un autre niveau. D’un côté, nous avons un Pilate consterné, représentant du pouvoir politique, et donc, terrestre. Et d’un autre, nous avons Jésus, avec l’assurance aimante qui le caractérise. Dieu fait homme, le « pouvoir » divin par excellence.

Par le fait même que chacun est dans un niveau différent, nous pourrions presque dire que le dialogue, dans ce procès, est un dialogue de sourds : Pilate pose une question, Jésus répond à côté. Mais l’évangéliste Jean nous met face à son thème préféré : le combat incessant entre les ténèbres et la lumière ; entre le monde, qui n’a pas reconnu le Christ, et la Vérité, qui mène vers la Lumière. Et si nous nous rappelons l’issue de l’interrogatoire : la crucifixion et la mort de Jésus, nous voyons une victoire apparente des ténèbres et du monde hostile au Christ. Voilà le décor dans lequel nous célébrons la fête du Christ-Roi.

Cette fête serait-elle pour nous un rappel que nous devons opposer constamment le monde et Dieu ? Serait-elle une manière d’accuser le monde de ne pas accueillir Dieu ? En sachant que « accuser le monde » c’est aussi accuser l’autre, celui ou celle pour qui Dieu est un étranger. Or, bien sûr que non ! Cette fête est, au contraire, un rappel pour nous que notre roi n’est pas celui qui écrase pour avoir le pouvoir. Ni celui qui veut avoir la main mise pour pouvoir faire ce qui bon lui semble. Mais notre roi est celui qui se met sur le banc des accusés pour nous remettre sur le podium des vainqueurs. Autrement dit, cette fête nous rappelle que notre Roi, le Christ, est le roi qui relève notre humanité et qui veut la sauver en lui redonnant sa dignité. Et comment fait-il cela ? En donnant sa vie !

Alors que nous n’arrêtons pas d’opposer l’humanité et le Christ, ce dernier ouvre ses bras et incline sa tête pour lui montrer de quel amour elle est aimée. Pour nous montrer de quel amour nous sommes aimés. Et c’est en se donnant à chacun de nous, en se donnant à l’humanité, que le Christ devient, en quelque sorte, notre Roi. Mais quel genre de roi avons-nous ? Celui qui est au service ! Au service du plus petit, du plus pauvre. Au service de celui qui est blessé, jugé, accusé et condamné. Au service de celui qui est fatigué de la marche et qui n’en peut plus. Notre Roi est le roi-serviteur qui s’est laissé aimer par notre humanité blessée. Il est le roi qui rend témoignage à la vérité, mais celle qui rend pleinement libre !

Je ne sais pas quelle image vous avez de ce Christ-Roi. Mais ce que je sais c’est que, comme lui, nous sommes appelés à nous mettre au service. A ouvrir nos bras et incliner nos têtes, non en signe de résignation ou servitude, mais en signe de don et par amour car ce qui nous attend c’est justement ce Royaume où « l’amour est Loi, où l’amour est Roi. » Ce Royaume que nous attendons mais qui commence là, maintenant. Car nous savons que la véritable issue de ce procès de Jésus face à Pilate est sa résurrection. Et contrairement à Pilate, nous, nous connaissons l’issue du procès. Nous sommes les enfants de la résurrection. Nous sommes les disciples du Roi ! Que voulons-nous faire ? Rester sur le trône des accusateurs ou nous mettre sur le podium des vainqueurs ? En sachant que, dans le Christ, les véritables vainqueurs sont ceux qui se mettent au service par le don de leur propre vie ! Vive le Christ, Roi de l’Univers !

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