Homélies et autres réflexions
17 Avril 2022
|Ac 10, 34a.37-43|Ps 117 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9|
J’ai un tableau chez moi, d’un artiste brésilien, qui montre en premier plan, sur toute la moitié gauche, le Christ ressuscité. Avec un regard tendre il montre la marque de la lance sur son cœur et les marques des clous sur ses poignets. Du côté droit, toujours au premier plan, un champ de blé et au fond, une colline sur laquelle nous voyons trois croix dans le lointain. Lorsque Marie Madeleine est partie au petit matin au tombeau, elle a certainement vu les trois croix sur le Golgotha, puisque le tombeau n’en était pas loin. La croix vide, le « bois du supplice » qui a torturé celui qui a transformé sa vie. Et quelle ne fut sa surprise et peut être son angoisse, lorsqu’elle se rendit compte que le tombeau, lui aussi, est vide !
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Celui qui avait transformé sa vie, a disparu. Et le désespoir donnera lieu à la joie lorsqu’elle comprendra, et les disciples aussi, que le Seigneur est ressuscité dans le silence de la nuit. Et par sa résurrection tout devient clair. Tout prend son sens. Et les disciples comprennent enfin le projet définitif de Dieu pour l’humanité : leur montrer la puissance de l’amour qui crée, qui relève et qui redonne vie !
Notre vie quotidienne est parsemée par des moments de morts et de résurrections. J’en reviens à mon tableau : les croix au loin sur la colline et les plaies de Jésus nous rappellent que la mort et la résurrection font partie de notre vie. De notre quotidien. Et nous pouvons choisir ce que nous voulons regarder davantage. La croix, ou le tombeau vide. Si Marie Madeleine s’était arrêtée pour ne regarder que la croix, elle ne serait peut-être pas allée au tombeau. Si nous regardons davantage la croix, nous risquons de nous laisser envahir par tout ce qui nous empêche d’avancer. Si nous regardons davantage le tombeau, avec cette certitude que le Christ est ressuscité, nous entrons dans la dynamique de l’Espérance, qui est le moteur qui nous permet d’avancer jour après jour. Mais nous sommes appelés à garder les deux pas très loin. Car c’est en les contemplant que nous nous rendons compte que nous sommes invités, à notre tour, à être porteurs de la vie, comme le champ de blé. Parfois nous pouvons bien nous demander ce que nous pouvons donner ? Nous nous sentons bien incapables de faire quoi que ce soit. Les autres sont tellement mieux ! C’est cela que le Christ vient changer par sa résurrection. Il vient nous rappeler que la puissance de Vie est en nous, par sa présence. Que nos fragilités et nos vulnérabilités ne sont pas pour lui un empêchement pour que nous donnions du fruit. Bien au contraire, elles sont les lieux où il peut faire jaillir la Vie. Et comment ? Par l’accueil que nous faisons de sa présence. Cette présence qui porte les marques de sa passion, non pour nous culpabiliser mais pour nous rappeler qu’il est de la même nature que la nôtre et qu’il désire nous faire entrer dans sa divinité !
Jésus a transformé la vie de ses disciples, de ceux qui l’ont suivi lorsqu’il était physiquement présent dans notre monde. Depuis, il n’a pas cessé de transformer tant d’autres vies. Et il peut transformer la nôtre. Et transformer c’est quoi ? C’est donner une nouvelle forme, c’est donner un nouveau sens. C’est la transfigurer. Marie Madeleine, la pécheresse est accueillie et pardonnée. Pierre, celui qui la nié, est devenu le gardien de l’Eglise. Quelle que soit notre vie aujourd’hui, le Christ Ressuscité peut faire une œuvre nouvelle ! Entre la Croix et tombeau vide il y a Jésus, debout, qui nous invite à entrer avec lui dans la nouvelle vie inaugurée par sa Résurrection ! Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment RESSUSCITE !
Tableau: Le Christ Ressuscité. Romolo PICOLI RONCHETTI