Homélies et autres réflexions
17 Septembre 2022
|Am 8, 4-7 ; Ps 112 ; 1Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13|
L’évangile d’aujourd’hui, lu à la va vite, pourrait presque nous faire croire que Jésus fait l’éloge de la malhonnêteté. Ou du moins, que Jésus félicite les escrocs. Nous savons bien que ce n’est pas le cas. Mais qu’est-ce que le Christ met en évidence par cette parabole ? Nous pourrions dire que ce qui est mis en évidence ici c’est le fait que le gérant de la parabole utilise, pour une fois, l’argent comme un moyen et non comme un but en soi ! Son habileté est mise en lumière et est louée par Jésus.
Cela étant dit, comment pouvons-nous alors prendre ce passage d’évangile pour nous aider à grandir dans notre vie de foi et dans nos relations ? Ce passage est une invitation à la créativité que nous pouvons mettre en place pour réaménager ce qui fait notre vie quotidienne. En effet, Jésus ne condamne pas la richesse en elle-même mais l’usage que nous en faisons. Il nous rappelle que ce que nous possédons est invité à être mis au service de tous. Il nous interpelle à sortir de la dualité « permis/interdit » pour entrer dans une dynamique du don. Le don de soi, le partage, la fraternité et surtout, entrer dans une dynamique où Dieu est Dieu et où il a la première place, et tout le reste est géré en fonction de cette réalité. Lorsque la richesse, quelle qu’elle soit, est un moyen d’asservissement, elle n’est plus une source de vie, donc, elle n’est pas à sa place, ni rempli sa tâche d’être au service. Lorsque nous sommes plus avides d’avoir que d’être, plus attentifs à avoir du pouvoir qu’à servir, nous sommes comme ce gérant qui voyait l’argent (donc la richesse) comme un but en soi !
La vérité de l’évangile vient nous confronter dans notre propre vie pour nous aider à discerner ce qui est bon et profitable de ce qui nous sépare de la relation, des relations. Il vient nous rappeler que le but ultime pour chacun de nous c’est le Royaume de Dieu, notre vrai héritage. Et lorsque l’avoir prend la première place dans notre vie, Dieu perd automatiquement la sienne. C’est pour cela que nous ne pouvons pas servir deux maîtres : Dieu et l’argent.
« Toutes nos richesses, de tous ordres, nous sont confiées comme à des intendants pour que nous les partagions, pour que nous les transformions en bonheur pour ceux qui nous entourent. »[1] Jésus nous fait comprendre ici que notre créativité peut être mise en œuvre pour faire le bien à partir de ce que nous possédons. Et donc, élargir tout cela vers la justice, la paix, la fraternité… que notre charité se fasse créative pour aider les uns et les autres à vivre cette rencontre avec ce Dieu qui nous aime au-delà de tout et qui nous invite à sa suite pour que nous fassions le bien autour de nous. Nous n’y arriverons pas toujours. Parfois nous seront peut-être tentés de laisser la première place à ce qui est de l’ordre matérielle. C’est bien pour cela que la conversion est une affaire de tous les jours. Et nous pouvons nous poser toujours cette question : quel bien puis-je faire aujourd’hui autour de moi ? Et ainsi entrer dans cette créativité de l’amour qui nous invite à être signes de cette présence de Dieu dans le monde, en faisant de celui-ci un lieu plus juste et plus vrai, où chacun aide l’autre à porter sas croix.
[1] Marie-Noëlle THABUT. L’intelligence des Ecritures 6. Année C. Dimanches du temps Ordinaire. Ed. Artège.