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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie du 26ème dimanche du Temps Ordinaire | Année C | 2022

|Am 6, 1a.4-7 ; Ps 145 ; 1Tm 6, 11-16 ; Lc 16, 19-31|

Les textes de ce dimanche sont un peu indigestes, pourrait-on dire. Ils sont un peu dur, voire clivants. Malheur aux riches, bonheur aux pauvres. Mais ce qui est condamné et condamnable par le prophète et par Jésus n’est pas le fait d’être riche en soi, mais le fait que la richesse prend la place la plus haute dans les valeurs de chacun. La prospérité a fait que l’homme riche de l’évangile oublie qu’il n’est pas le centre du monde. Cet homme, dont on ne connait pas le nom, n’a pas fait attention que devant sa porte avait un pauvre qui avait besoin d’être soigné, consolé, pris en charge. Ainsi, ce qui est condamné par Jésus c’est la capacité de cet homme à être indifférent alors qu’il pouvait aider celui qui était dans le besoin.

En parlant comme cela, nous pouvons nous dire que c’est bien évident tout ça. Mais en allant plus loin, nous pouvons trouver ce qui pourrait être le cœur même du discours de Jésus face aux pharisiens : le problème n’est pas la richesse, mais le manque de capacité d’entrer en relation. Le problème c’est la fausse auto-suffisance du riche qui ne regarde plus autour de lui. Le reproche que fait Jésus est justement celui que le riche s’est laissé aveugler par sa richesse. Et a oublié le véritable trésor : la charité et la justice, que, nourries par la foi, nous fait prendre le chemin de l’éternité.

Les lectures d’aujourd’hui ne sont pas là pour nous culpabiliser ni pour nous diviser, ni pour nous faire dire que l’Eglise doit s’occuper que de la pauvreté dans le monde… mais elles sont là pour nous aider à nous questionner sur notre propre rapport à la richesse et à la pauvreté. Elles sont là pour venir questionner notre foi et notre manière de la vivre. Le Seigneur nous invite à vivre une foi incarnée, capable d’entrer en relation. Une foi où l’amour et la justice se fréquentent et sont amies. Une foi où nous sommes appelés à être en relation, non seulement avec Dieu mais aussi avec les Lazares qui traversent notre vie. Sans oublier que chacun de nous peut être aussi un Lazare, c’est-à-dire, celui qui a besoin. Celui qui manque de quelque chose.

Les lectures de ce jour viennent aussi interpeler notre propre liberté et notre capacité à agir. Lorsque le riche entend que Lazare ne peut pas revenir de chez les morts pour avertir ses frères, nous pouvons comprendre que seule la liberté de ses derniers est en jeu. Ils sont libres de faire le bien autour d’eux ou de rester indifférents, mais comme tout action a une réaction, leur vie éternelle dépendra des choix qu’ils feront ici-bas. Encore une fois, nous ne sommes pas dans une démarche culpabilisante ni du mérite, mais nous sommes dans une démarche qui révèle et réveille notre propre responsabilité vis-à-vis de la vie, des autres, de nous-mêmes et de Dieu. La liturgie de ce jour nous invite et nous encourage à vivre une foi où l’action et la contemplation ne se font pas concurrence mais se nourrissent mutuellement. Et c’est le Seigneur lui-même qui nous fait entrer dans cette dynamique lorsque, par ailleurs dans l’évangile, il nous redit que le plus grand de commandements c’est d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même !

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