Homélie pour le dimanche des Rameaux et de la Passion | Année A | 2023

C’est le drame ! C’est bien cela que nous pouvons constater après avoir entendue la Passion du Christ chez Matthieu. C’est le drame non seulement du Christ et de ses disciples, mais c’est le drame de l’humanité ! Et ce n’est pas le drame dans le sens d’une pièce de théâtre, mais dans un deuxième sens, plus existentiel : un événement tragique opposant les êtres humains les uns aux autres. Et ici, dans ce récit, c’est l’opposition entre l’amour et le refus de l’amour.

Si nous y regardons de prêt, nous pouvons trouver bien de similitudes entre les attitudes des personnages et nous-mêmes, en passant par Jésus, ceux qui veulent le condamner et les disciples, nous pouvons nous retrouver chez l’un ou l’autre. Car ce qui est exprimé c’est la profonde humanité de l’homme en ce qu’elle a de plus noble et de plus fragile. Ce qui est exprimé c’est l’humanité du Christ qui, même en étant Dieu, a accepté de, pour nous, traverser ce que nous pouvons nous aussi vivre dans notre vie : l’expérience douloureuse de la souffrance.

Toutes les réalités de notre humanité sont présentes dans ce récit : nos peurs, nos reniements, nos doutes, nos découragements, nos fatigues, nos jugements erronés… mais aussi, nos espérances, notre courage, notre désir de donner et de recevoir et encore, notre capacité à aimer, à se repentir, à recommencer… et dans ce drame qui s’est déroule devant la foule, Jésus veut nous faire voir combien sa présence est transformatrice. Combien son action est vivifiante. Non parce qu’il aime souffrir… personne n’aime souffrir. Encore moins parce qu’il souhaite mourir… personne ne veut mourir. Mais son action est transformatrice car au cœur du drame de la Passion, il nous montre que Dieu vient jusqu’au plus profond de notre vie pour nous manifester son amour et pour nous rappeler qu’aucune expérience humaine ne lui est étrangère. Car il a accepté de toutes les traverser, par amour. Ainsi, la puissance de Dieu se révèle dans un amour qui se donne jusqu’au bout, au cœur même de la fragilité humaine !

Nous entrons, avec le Christ, et en communauté, dans cette Semaine Sainte. Nous allons le suivre pas à pas. Expérience par expérience. Geste par geste… Nous allons le suivre dans son drame qui vient nous fortifier et donner du courage lorsque nous traversons nos propres drames ! Et l’invitation qui peut nous être faite est justement celle de ne pas vouloir être opposés les uns aux autres mais vivre les uns avec les autres, en accueillant cette amour de Dieu pour nous. Et traverser tous nos drames avec les yeux fixés sur le Christ, qui nous promet la vie et la vie en abondance. Il souhaite être au cœur de notre vie pour que nous entrions dans la vie avec lui ! Et du drame de la Passion nous passions à l’attente de la joie de la Résurrection !