Homélies et autres réflexions
11 Juin 2023
Il n’y a rien de plus humain et de plus humanisant que le fait d’avoir faim. Humain, parce que cela fait partie de notre nature et d’un besoin primordial ; humanisant, car en ressentant la faim, en vivant l’expérience du manque, nous pouvons nous mettre à la place de ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir et grandir alors en charité. Mais en plus de la faim physique nous avons aussi la faim spirituelle. Celle qui vient creuser au plus intime de nous-mêmes pour nous rappeler que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. » C’est bien ce mystère que nous célébrons aujourd’hui, ce mystère de la faim de Dieu.
Et il est intéressant de voir comment la liturgie nous y introduit et comment les lectures nous plonge dans ce mystère. Tout d’abord en nous invitons à faire mémoire. « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite… dans le désert. » Faire mémoire du manque, de la fragilité, de la vulnérabilité. Faire mémoire de la prise de risque et surtout, de l’acte de confiance. Si nous nous tournons vers nous-mêmes, nous pourrions nous questionner : par quel désert(s) je suis passé ? Quel désert(s) je traverse ? Et en se questionnant se demander comment nous vivons cette traversée ? La liturgie nous invite à faire d’abord mémoire du manque. De ce qui nous rend accessibles et dépouillés. Et ce n’est qu’en ayant conscience de nos manques et en les acceptant, que nous pouvons alors recevoir la nourriture qui nous permettra de tenir bon, de rester debout et d’avancer. « Souviens-toi… » et après faire mémoire, il y a une invitation : « n’oublie pas le Seigneur ton Dieu… » Nous savons bien que nous pouvons facilement oublier le Seigneur. Que nous pouvons facilement le ranger dans un tiroir et le laisser bien au chaud. Mais c’est lui notre pain pour la route. C’est lui notre nourriture. Et si nous faisons partie d’un seul et même corps grâce à Celui qui se donne, nous recevons chacun les grâces dont nous avons besoin pour continuer notre route et nos combats. Nous recevons chacun cette nourriture qui nous permet de rassasier cette faim spirituelle que nous ressentons. Car celui qui est le Verbe se donne. Celui qui est la Parole, se donne. Celui qui est le « pain vivant qui est descendu du ciel », se donne. Il se donne pour que nous soyons un seul et même corps.
Nous célébrons aujourd’hui le mystère de ce don qui dépasse tout entendement. Le Christ a voulu rester présent avec nous, il a voulu rester « Dieu parmi nous », Dieu au milieu de son peuple, qui marche avec son peuple et le nourri ! Et nous ne pouvons que lui rendre grâces.
Il n’y a rien de plus humain et humanisant que le fait d’avoir faim ! Et nous, chacun de nous, nous avons faim de quoi ? Parce que quoi qu’il nous arrive, qui que nous soyons, le Christ trouve toujours une manière de combler notre manque et rassasier notre faim ! Peut être que la seule chose que nous sommes invités à faire, est justement être capables de nous souvenir de tous les moments où, dans la traversée de nos déserts, le Christ a trouvé un moyen de se faire présent et proche. De se donner. Car il est réellement présent dans l’Eucharistie, sous les apparences du pain et du vain, mais il se donne aussi réellement au-delà de ce que nous pouvons voir ! Tant que nous soyons capables de faire mémoire de sa présence et de ne pas oublier qu’il est notre Dieu, il se donne pour que nous puissions être transformés en Lui, par Lui et avec Lui ! Et il nous transforme pour que nous puissions être témoins de sa présence, pour que nous devenions un seul et même corps ! Le « corps du Christ » !