Homélie | Commémoration de tous les fidèles défunts | 2023

Aujourd’hui nous célébrons l’Espérance. Nous sommes ici pour prier pour nos frères et sœurs qui sont partis et nous le faisons non parce que nous désespérons, c’est justement le contraire, c’est parce que nous croyons en la vie éternelle. Ce que nos yeux ne peuvent pas voir ni nos mains ne peuvent toucher, notre cœur peut le sentir et nous le révèle : la vie n’est pas seulement l’espace d’un temps, mais la vie va au-delà de ce que nous pouvons voir !

Célébrer la mémoire des fidèles défunts c’est pour nous une occasion de nous laisser toucher par ce mystère qui nous dépasse. Ce mystère d’amour qui nous permet d’entrevoir que notre vie ici-bas n’est pas seulement une succession de choses, qui finit parfois de manière tragique, mais qu’elle est appelée à trouver un sens profond qui nous permet de regarder au-delà des apparences.

Et quel est ce sens profond ? Les textes que nous avons entendus nous le disent : l’espérance de l’immortalité (Sg) ; l’espérance de la résurrection (1Cor) mais tout particulièrement, dans l’évangile, le sens profond de notre vie est celui d’accueillir Dieu. Mais Dieu non plus, nous ne le voyons pas, pourriez-vous me dire. C’est juste. Mais il se donne à voir à chacun de nous. Comme nous le dit le Christ dans l’évangile. Chaque fois que nous sortons de nous-mêmes pour permettre à l’autre de retrouver un brin de vie, nous sortons à la rencontre de Dieu qui se laisse toucher par nos gestes les plus petits mais qui sont capables de relever l’autre.

Chacun de nous a certainement déjà perdu quelqu’un que nous avons aimé. Et peut-être que chacun de nous s’est dit la même chose : je n’ai pas eu le temps de lui dire que l’aimais ; j’ai perdu trop de temps avec des petites choses sans importance ; je n’ai pas pu pardonner ou demander pardon… et ainsi de suite ! Combien de fois dans notre vie nous ne ratons pas l’occasion d’aimer, de faire le bien, de dire combien l’autre est important pour nous, parce que nous croyons que nous allons avoir le temps ? Et parfois, la finitude de la vie vient nous arracher ces personnes-là. Célébrer donc leur mémoire, prier pour elles, c’est une occasion de les aimer. De leur donner, dans ce mystère invisible de la vie éternelle, leur donner ce que nous n’avons pas eu le temps de faire quand elles étaient parmi nous. Mais cette célébration est aussi une occasion pour chacun de nous de nous demander ce que nous faisons de notre temps. Comment nous passons notre vie. Est-ce que nous attendons juste que le temps passe ou est-ce que nous choisissons de vivre ! Et encore une fois, dans l’évangile, Jésus nous donner ce que nous sommes invités à faire de notre temps ici-bas : vivre pour aimer, pour se donner.

Vivre c’est prendre soin de ceux qui nous sont confiés. Et si nous le faisons, Dieu lui-même se sent aimé. Vivre, c’est se poser dans le temps présent comme des hommes et de femmes de l’Espérance. Qui connaissent leurs finitudes et leurs fragilités, mais donnent une place pour que Dieu se révèle à chacun pour nous faire entrer dans cette belle histoire qu’est l’aventure de l’éternité. Et non, elle ne commence pas une fois que nous avons fermé les yeux, elle commence maintenant. Tout se joue là, maintenant ! La grande question est alors, qu’elle vie choisissons-nous ? Parce que l’éternité que nous aurons dépendra de la vie que nous choisissons. Que nous puissions alors, envers et malgré tout, choisir d’aimer ! Maintenant.