Solennité de la Toussait | Année A | 2023

Que célébrons-nous aujourd’hui ? Comment pourrions-nous qualifier cette solennité ? Nous pourrions l’appeler de « célébration de la victoire. »

Lorsque nous parlons de sainteté nous pensons inexorablement à une idée de perfection. Ce qui rend la chose bien compliquée pour certains, surtout pour ceux qui se connaissent bien et qui savent qu’ils peuvent être tout, sauf parfaits. Alors que si nous nous contentons de méditer les textes d’aujourd’hui, nous allons vite nous rendre compte que la sainteté est le fruit de notre relation intime avec Dieu mais aussi de notre relation les uns avec les autres. Car la sainteté ne se vit pas de manière virtuelle, mais incarnée. Nous célébrons aujourd’hui la victoire de ceux qui ont choisi volontairement le chemin de l’amour en acte ! Nous la contemplons de cette porte ouverte, ce rayon de lumière qui nous permet d’avancer avec Espérance.

Dans la lecture de l’Apocalypse nous voyons cette foule immense. Et cette foule n’est ni prostrée ni assise. Elle est debout ! Debout car le Dieu qui nous sauve est le Dieu de la vie ! Debout, parce que c’est la position du ressuscité. Debout parce que la marche doit continuer. Et d’où viennent-ils ? De la grande épreuve, nous dit l’Ecriture sainte ! Chacun de nous a déjà traversé ou traverse des épreuves. Chacun de nous sait que la vie peut être un combat constant ! Tantôt contre soi, tantôt contre les événements qui viennent nous ébranler. Mais tout combat que nous traversons dans notre vie peut trouver un sens. Et pour nous, les héritiers de cette foule immense, le sens de tout ce que nous vivons et traversons doit être l’Amour. L’amour seul peut nous donner la force de rester debout ! Et comme cette foule, nous pouvons nous aussi tenir bon et rester non parce que nous sommes parfaits ou plus forts, nous ne le sommes pas, mais parce que nous avons cette promesse de voir Dieu tel qu’il est ! Voilà le sens ultime de notre vie, et que nous avons peut-être un peu oublié : voir Dieu tel qu’il est. Et il est l’amour, donc, notre appel à la sainteté s’incarne dans les gestes les plus simples remplis d’amour. Cet amour dont le signe le plus éloquent est le don de soi !

La vie des saints, si nous y regardons de prêt, n’a pas été de tout repos. Je me rappelle une sainte brésilienne de notre époque, sœur Dulce, qui œuvrait dans les favelas de Salvador de Bahia. Plusieurs fois elle a été humiliée en allant demander de l’aide pour « ses pauvres », mais le sens ultime de l’amour qu’elle portait pour eux, et la promesse de voir Dieu tel qu’il est et qui se laissait déjà voir à travers le visage de ses pauvres, faisait que sœur Dulce restait debout ! Elle affrontait ses combats avec courage, simplicité et humilité ! Non pour avoir une couronne ni être canonisée, mais pour vivre ce qu’elle était, en tant que chrétienne : le don d’elle-même pour le monde. Et elle les affrontait parce qu’elle savait qu’elle n’était pas seule ! Elle savait qu’elle faisait partie de cette foule immense. Nous aussi, nous avons nos combats, nos épreuves. Combien de fois nous ne trouvons pas le sens des choses ? Combien de fois nous n’arrivons pas à rester debout ? Et c’est là où nous avons besoin de cette communion qui nous rassemble. Personne n’est saint/sainte tout seul ! Dieu agit et nous avons besoin les uns des autres.

Et lorsque la route devient difficile, la Parole de Dieu est pour nous un refuge. Les Béatitudes, que nous venons d’entendre, pourraient s’appeler la Grande Prière pour les combats. Elles nous donnent le sens profond de notre vie. De chaque attitude que nous sommes appelés à avoir lorsque nous voulons vivre l’Evangile comme ceux que nous honorons aujourd’hui. Elles sont une invitation à rester debout ! A ne pas avoir peur d’avancer sur la route sur laquelle a marché « cette foule immense que nul ne peut dénombrer. » Cette foule qui nous précède et qui nous rappelle que nous aussi nous sommes invités à être debout devant Dieu et à relever ceux qui flanchent ! Non parce que nous sommes parfaits, mais parce que nous sommes appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! Belle fête de la Victoire à chacun(e) ! La victoire dont la seule arme utilisée c’est le don de l’amour.