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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie du 31ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2023

Une grande claque ! C’est ce que je me suis dit lorsque j’ai lu les textes de ce dimanche. En s’adressant aux prêtres de l’ancienne alliance, Jésus s’adresse aussi à nous, prêtres de la Nouvelle Alliance. Il y a ici tout ce dont nous avons besoin pour être mis en garde d’un comportement indigne d’un serviteur du Seigneur.

Le piège, en revanche, dans lequel nous (tous) pouvons tomber en lisant ces textes c’est de se lever en maître de la Loi justement et devenir un juge impitoyable envers ceux qui sont chargés de conduire le peuple de Dieu. Mais je voudrais élargir notre méditation en quittant justement ce terrain du « vous voyez, nous sommes tous frères… » ce qui est bien évidemment vrai. Ou l’éternel débat « on doit arrêter de vous appeler père ! » Parce ce que ce Jésus vient mettre en évidence ici ce n’est pas une simple manière d’appeler quelqu’un. C’est beaucoup plus profond. Par ailleurs, dans l’Evangile, Jésus lui-même sera appelé de « rabbi » et de « maître ». Ce qui est en cause ici c’est comment nous vivons la mission qui nous a été confiée. C’est une invitation à nous, les prêtres de la Nouvelle Alliance, à imiter justement notre maître. A entrer dans cette voie de la simplicité et de l’humilité. A ne pas vouloir rendre la vie de ceux qui nous sont confiées plus dure qu’elle ne l’est déjà. Parce que nous pouvons, parfois, parler de belles choses et de la bonté de Dieu, par exemple, et avoir un comportement psycho-rigide et détaché de toute émotion ou affection lorsque nous seront en position de celui qui enseigne… et alors, devenir des donneurs de leçons, sans être avec, sans accompagner, sans être en relation. Et c’est cela que Jésus vient dénoncer. Le comportement des responsables religieux qui dressent un mur de supériorité et de distance vis-à-vis du peuple qui lui a été confié ; et se sente dépourvu de toute sensibilité et vecteurs d’une vérité personnelle déguisée de vérité du Christ.

Encore une fois nous sommes au cœur même de ce qui fait la particularité de l’être chrétien : la relation. Et cela est illustré dans la deuxième lecture. C’est au cœur d’une relation évangélisateurs/évangélisés que Paul laisse grandir en lui cet amour pour cette communauté. Parce que celle-ci s’est laissé toucher par la grâce de Dieu à travers l’exhortation de l’apôtre. Et ce dernier savait que sa place n’était pas au-dessus de tous, seule la Parole de Dieu est au-dessus. Mais sa place était celle du serviteur, donc, avec tous !

Et si nous élargissons davantage notre méditation, nous sommes quelque part, tous concernés par cette Parole. Par notre baptême nous sommes appelés à devenir serviteurs ! Et donc, à ne pas être au-dessus de qui que ce soit. Mais au service ! Et c’est justement la finale, la dernière parole de Jésus dans cet évangile, qui nous donne le sens même de la mission que nous recevons chacun : « qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » Autrement dit, celui qui se met humblement au service pour le bien de la communauté à laquelle il appartient n’aura jamais la tentation de s’accaparer un pouvoir. Celui qui a conscience qu’il fait partie d’un corps et que ce corps a besoin de grandir, aura pour vérité cette Parole de Dieu qui vient nous consoler et nous remplir de vie ! Ainsi, chers frères et sœurs, la question n’est pas tant dans la manière d’appeler quelqu’un, mais dans la manière avec laquelle ce quelqu’un reçoit sa mission : pour servir ou pour commander ? Pour aimer ou pour être détaché ? Pour porter avec, la croix, ou pour l’alourdir ? Voilà notre mission à chacun : ne pas agir comme maître et juges, mais comme disciples capables de donner leurs propres vies pour que chacun fasse l’expérience libératrice de l’amour de Dieu !

Prions donc les uns pour les autres, priez pour vos prêtres. Pour qu’ensemble, et conscients de nos pauvretés, nous construisons une communauté pour laquelle nous ayons envie de donner notre propre vie ! Autrement, nous risquons de n’être que de donneurs de leçons et passeront à côté de notre vocation qu’est celle de nous donner comme le Christ s’est donné pour nous !

 

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