Homélie du 33ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2023

Nous pourrions diviser les textes de ce jour en 3 parties distinctes : la première, l’éloge que l’Ecriture fait de la femme ; la deuxième, l’attente dans l’Espérance du retour du Christ avec cette belle formule « vous êtes tous fils de la lumière » ; et enfin, la troisième partie, la question des talents apportée par l’évangile. A la va vite, nous pourrions nous dire qu’il n’y a aucun lien cohérent dans ces textes. Mais si la liturgie les a mis ensemble, c’est pour qu’ils nous disent quelque chose de notre relation à Dieu et entre nous.

Quel est le but de la vie chrétienne? La rencontre définitive avec notre Seigneur ? Cette rencontre n’est pas une idée sortie de notre imagination ni quelque chose d’inaccessible. Au contraire, la rencontre définitive avec le Seigneur est bel et bien notre but, même si nous ne nous rendons pas forcément compte. Et cette rencontre est préparée, soignée. Elle commence maintenant. Et nous voyons, dans les lectures, une espèce de fil rouge qui nous permet de comprendre que ce que nous recevons du Seigneur, selon nos capacités, est appelé à être redonné pour être au service de tous. Et il est important de retenir que le Seigneur donne « à chacun selon ses capacités ». Cette précision de Jésus nous permet de retirer de notre épaule parfois un poids que nous y mettons nous-mêmes et qui nous fait tomber dans la gangrène de la comparaison. Chacun est invité à donner selon ses capacités ! La question n’est pas si l’un donne plus et un autre moins, mais bel et bien, si chacun donne selon ses capacités. Et que chacun donne au cœur même des relations que nous sommes invités à vivre.

Et c’est là que les lectures trouvent leur cohérence car, la figure de la femme, dans toute sa dignité, est l’image même de la gardienne de la relation. Au risque de tomber dans un cliché et loin de moi le désir de créer un réductionnisme, la femme, étant donné sa sensibilité, sa force de vie et sa manière de voir le monde et les autres, est pour chacun de nous le modèle d’un chemin qui mène à cette rencontre où nous sommes capables d’accueillir et de donner à l’autre une place juste.

Aussi bien dans la première lecture que dans l’évangile, ce que nous voyons c’est l’éloge de la confiance. Dieu nous fait confiance. Il nous regarde avec confiance. Nous pouvons alors comprendre, au regard de ses textes, que le Seigneur n’attend pas de nous que nous fassions l’impossible, ni que nous fassions tous pareils, mais que nous fassions et donnions selon nos capacités, ces talents que nous avons reçus. Et si Dieu nous regarde ainsi, c’est peut-être pour nous une invitation à apprendre à regarder les autres de cette manière-là. Ne pas vouloir que l’autre soit capable de donner selon mes attentes, mais selon ses capacités. Ne pas attendre que l’autre donne de la même manière que nous donnons, car chacun donne selon ses capacités. En résumé, c’est peut-être pour nous une invitation à regarder le monde, l’autre et soi-même avec un peu plus de sensibilité, de tendresse et de confiance. Puisque c’est ainsi que le Seigneur regarde chacun de nous !

Que notre prière soit alors pour que chacun de nous puisse savoir quelle est sa limite, sa capacité à donner pour qu’en le sachant, on puisse accueillir la limite de l’autre et ses capacités ! Et ensemble nous reconnaitre comme les « fils de la lumière » qui préparent la rencontre définitive avec celui qui nous a aimé le premier.