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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie pour le mercredi des cendres | Année B | 2024

­|Joël 2, 12-18 ; Ps 50 ; 2Cor 5, 20-6,2 ; Mt 6, 1-6.16-18|

D’année en année nous entendons exactement les mêmes invitations, la même exhortation pour le carême. Nous réfléchissons à la meilleure manière de le vivre. Nous pensons à nos petits sacrifices quotidiens pour que ce temps liturgique soit vécu de la meilleure manière possible. Et nous arrivons tous au même constat : parfois ce temps était réussi, parfois, non ! Et bien souvent nous sommes dans une logique de performance. Alors que le carême est une question de relation ! Au Christ, à l’autre, à soi. Il n’y a pas de recette miracle pour grandir dans la relation avec le Seigneur, la seule manière c’est d’être en relation, personnellement, avec Lui. Et c’est cela même que le carême vient nous rappeler : être, personnellement, en relation avec le Christ. C’est bien pour cela que l’une des images que nous pouvons utiliser pour ce temps est celle du désert. Parce que nous avons besoin du silence du désert pour écouter, de la pauvreté du désert pour nous dépouiller de ce qui nous empêche d’avancer. Nous avons besoin du soleil du désert pour réchauffer notre cœur, mais surtout, nous avons besoin de l’horizon du désert pour nous aider à vivre dans cette Espérance à laquelle nous sommes invités : l’Espérance de la Vie et en la Vie !

D’ailleurs, si je devais vous poser une question ce soir, elle serait celle-ci : comment va votre Espérance ? C’est-à-dire, votre (notre) capacité à espérer malgré tout ? Notre capacité à voir ce qui est beau, malgré tout ? Notre capacité à entrer dans un chemin de justice, malgré tout ? Notre capacité à aimer, malgré tout ? Comment va notre espérance ? Parce que, dans 40 jours, lorsque nous pourrons à nouveau chanter l’Alléluia, nous entendrons « le Christ, mon Espérance, est ressuscité… » et notre Espérance ne peut être une réalité que si nous notre relation avec Jésus est réelle. Nous allons dans le désert non pour y retrouver la mort, mais pour y retrouver la vie et y laisser ce qui nous conduit à la mort ! Nous allons dans le désert pour réapprendre à espérer, à contempler, à se laisser toucher. Et ce faisant, toucher le cœur de Dieu, comme il s’est laissé toucher par son peuple !

« Le Seigneur s’est ému en faveur de son peuple. » avons-nous entendu dans la première lecture. Se laisser émouvoir est une réalité éminemment humaine, pourrions-nous le dire. Et c’est vrai ! C’est humain de se laisser émouvoir. Le temps de carême est pour nous une occasion de revisiter notre humanité. Et de l’accueillir comme le lieu où Dieu se manifeste. Et il se manifeste à travers les liens tissés, les expériences vécues… il se manifeste lorsque nous quittons notre regard souvent tournés vers nous-mêmes pour nous laisser toucher par l’autre, par notre prochain. Il se manifeste chaque fois que nous quittons notre auto-suffisance pour nous mettre humblement devant Lui, Dieu, pour vivre ce cœur à cœur. Il se manifeste chaque fois que nous nous laissons toucher par Lui au plus profond de notre humanité ! Et là nous entrons sur ce chemin vers le désert qui nous mène à la réconciliation, c’est-à-dire, vers une spiritualité des liens restaurés, renouvelés.

Nous avons entendu à la première lecture « revenez à moi de tout votre cœur. » Nous ne pouvons revenir que s’il y a relation, et relation profonde. Ici, il nous est rappelé que revenir une attitude de changement, de conversion. Le carême nous rappelle que toute la vie du chrétien est un revenir incessant.

Chers frères et sœurs, en mettant l’accent sur la prière, le jeûne et la pénitence. Le Christ nous dit que ce chemin est celui pour grandir dans les relations que nous sommes invités à vivre. C’est aussi l’occasion de mieux déployer les liens que nous avons avec l’autre, le Tout Autre et nous-mêmes. Il n’y a pas de vie chrétienne sans relation. Sans liens vrais et profonds. Donc, il n’y a pas de vie chrétienne sans conversion et réconciliation. Et les cendres que nous allons recevoir tout à l’heure en sont le signe. Elles nous rappellent à la fois notre finitude et notre espérance. Je vous repose la question : comment va notre Espérance ? Qu’en quittant cette messe et entrant dans le désert, avec le Christ, l’Espérance soit notre amie pour la route !

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