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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie du 5ème dimanche du Carême | Année B | 2024

|Jr 31, 31-34 ; Ps 50 ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33|

Il y a quelque chose qui me touche profondément dans cet évangile d’aujourd’hui, c’est la capacité de Jésus à manifester à ses disciples sa vulnérabilité et sa force. Son courage et la claire vision de sa mission. Et c’est en manifestant tout cela qu’il appelle à nouveau ses disciples, qu’il nous appelle. Quel est donc ce moment particulier où Jésus nous dévoile sa vulnérabilité et sa force? C’est lorsqu’il dit « maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? Père sauve-moi de cette heure ? Mais non. C’est pour cela que je suis venu à cette heure-ci… » Le Fils de Dieu dévoila l’état de son âme, et ce faisant, il nous témoigne sa confiance pleine en celui qui l’a envoyé. Son âme est bouleversée. On peut imaginer ce que cela peut faire. Mais la peur, l’angoisse, ne sont pas victorieuses, car Il sait en qui il a mis sa confiance. Et ce passage peut nous toucher parce que par cette parole, Jésus parle à notre humanité ! Et il nous rappelle que nous aussi, si nous sommes avec lui, si nous le choisissons, si nous nous mettons à sa suite, nous entrons sur le chemin de la vie, même si les apparences parfois montrent le contraire. Et c’est en montrant son humanité et sa divinité, que Jésus répondra à la demande « Nous voudrions voir Jésus. »

Cette demande des grecs à Philippe pourrait être une demande de notre part. Dans notre vie quotidienne parsemée par des joies et de peines, par des questionnements et doutes, par les certitudes et les désirs qui nous habitent, nous pouvons nous aussi demander : je veux voir Jésus. Mais la difficulté c’est que bien souvent notre désir de voir Jésus est suscité par notre manque de foi, par notre manque de confiance et par ce cri du cœur qui nous fait nous demander : mais où est-il ? Manière différente mais pour dire la même chose : « je voudrais le voir… » Alors que désirer voir Jésus devrait être une constante dans notre vie de disciples.

Nous vivons cette lutte constante entre notre humanité pécheresse et son désir d’amour, d’éternité, de recherche de sens. Et dans cette inconstance, nous finissons par oublier vers où regarder. L’évangile ne nous laisse pas très clair si ces grecs ont pu voir Jésus. Il nous dit juste que les disciples sont allés le lui dire. Mais dans ce discours qu’il va leur adresser il nous laissera très clair où nous pouvons le voir : lorsqu’il sera élevé de terre. Lorsqu’il sera mis sur la Croix. Et quand nous voudrons, nous, voir Jésus, c’est vers la Croix qu’il faudra regarder. Morbide ! Dirons certains ! Mais c’est tout le contraire !

C’est sur la croix où s’entrelacent de manière forte l’humanité et la divinité de Jésus. C’est sur la Croix où nous pouvons voir notre propre humanité être élevée au rang le plus noble : celui qui va jusqu’à a donner sa propre vie pour sauver chacun. C’est sur la Croix ou prend sens toute notre histoire, où nous pouvons trouver la consolation pour notre cœur, non parce que la croix est le lieu de la mort, mais parce qu’elle est le lieu de la victoire. Et c’est pour cela que tous seront attirés vers elle lorsque le Christ sera élevé de terre. C’est en contemplant la croix que nous pouvons voir véritablement Jésus. Ce Dieu qui épouse notre humanité jusqu’à passer par la mort. Ce Dieu qui vient dans notre humanité pour lui donner la vie !

Nous aussi, nous sommes appelés à vouloir voir Jésus, plus que le vouloir, à le regarder, le contempler et voir, en Lui et par Lui, la victoire de la Vie. Notre victoire !

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