Homélies et autres réflexions
1 Novembre 2021
Nous célébrons aujourd’hui la fête de la victoire ultime. La fête de l’accomplissement des promesses de Dieu dans notre vie. Nous sommes appelés à regarder vers le haut et entrevoir déjà ce qui nous est promis. Nous célébrons la victoire des saints, de ceux qui ont mis le Christ au cœur de leur vies et qui, en donnant leur vie aux autres, ont accomplis leur vocation. Et tout cela nous appelés voir tout cela dans l’Espérance pour que nous ayons, nous aussi, l’envie d’accomplir notre vie en la donnant aussi au Christ qui nous rassemble, nous unis et nous guide.
Dans les lectures que nous avons entendues, nous sommes dans cet espace entre le temps présent et l’éternité. Nous voyons à la fois la beauté de ce qui nous attend mais aussi les épreuves qui sont les notres lorsque nous décidons de mettre le Christ au cœur de notre vie. Tous les ans nous avons droit à la lecture de l’évangile des Béatitudes. Pour nous rappeler que notre bonheur profond doit être fondé sur Jésus Christ. Celui qui nous donne de voir déjà ici-bas ce pourquoi nous sommes créés : pour un bonheur sans fin, au-delà de toute épreuve. Mais le bonheur dont il s’agit dans les Béatitudes n’est pas synonyme d’une vie tranquille, mais le synonyme que nous ne sommes jamais seuls dans notre traversée. Nous sommes, à la fois, témoins et acteurs, de cette dynamique de vie qui nous pousse vers le bon, le bien, le vrai et le juste !
Je voudrais reprendre l’une des Béatitudes que nous avons entendues : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. » Pourquoi, parmi toutes ces béatitudes, j’ai choisi celle-ci ? Parce que nous traversons une époque où nous sommes confrontés, régulièrement, aux injustices. L’injustice causée par la l’indifférence. L’injustice causée le manque d’empathie et de bienveillance. L’injustice causée par la barbarie humaine qui par le bruit des bombes ou des armes chassent les gens de leurs terres ; mais aussi, l’injustice causée par la barbarie humaine qui réduit certaines personnes au silence et les prive de leur dignité.
Avoir faim. Est-ce que parmi nous quelqu’un a déjà expérimenté cela. Mais je ne dis pas la faim que nous ressentons parce que l’heure du repas est arrivée ou parce que nous avons décidé de jeuner. Non. Je parle de la faim qui est conséquence du « rien avoir pour manger ». La faim qui prend un visage douloureux lorsque nous ouvrons le placard et qu’il est vide. Est-ce que nous avons déjà expérimenté cette faim-là ? De même pour la soif. Avons-nous déjà vécu l’expérience du manque d’eau ? J’espère pour nous que personne n’ait eu à traverser cela. Mais en posant ces questions, nous pouvons alors imaginer ou ressentir ne serait-ce qu’un peu que nous ne pourrions pas vivre de la sorte. Ainsi va de même pour ceux qui se sentent accablés par l’injustice. Ceux qui n’ont pas de voix. Ceux qu’ouvrant le placard qui ouvre vers l’existence, ne trouvent aucun sens ni aucune force pour avancer.
Quelles sont donc cette faim et cette soif annoncées par Jésus ? « Jésus annonce dans cette béatitude — faim et soif de justice — qu’il y a une soif qui ne sera jamais déçue; une soif qui, si on y répond, sera étanchée et qui aura toujours une heureuse issue, parce qu’elle correspond au cœur même de Dieu, à son Esprit Saint qui est amour, et également à la semence que l’Esprit Saint a semée dans nos cœurs. Que le Seigneur nous donne cette grâce: d’avoir cette soif de justice qui est précisément la volonté de le trouver, de voir Dieu et de faire du bien aux autres. » (Pape François. Audience générale du 11 mars 2020)
Avoir faim et soif de la justice n’est pas avoir faim et soif de vengeance, ni de règlement de comptes, ni fonder un syndicat. Jésus parle d’une faim et d’une soif plus profondes, qui est, paradoxalement, un manque et un moteur. Cette faim et cette soif qui sont dans le cœur même de Dieu : faim et soif de remettre les choses à leurs justes places. Et pour nous, cela commence par mettre Dieu à sa juste place dans notre vie.
Avoir faim et soif de la justice c’est se donner pour le bien, pour le vrai et le juste. C’est tout le contraire de pointer du doigt ou de la soif du pouvoir! Mais c’est marcher ensemble pour grandir ensemble dans la certitude de cette promesse : nous serons rassasiés.